Mise en marché

Épisode no.6 | “À l’écoute de nos racines”

Épisode no.6 | “À l’écoute de nos racines”

EP6 | Les fermes précurseures de l’ASC au Québec

Dans ce sixième épisode, l’agrobiologue globe-trotteur Ghislain « Gigi » Jutras parcourt 800 km pour aller à la rencontre de quatre fermes ayant pratiqué l’Agriculture soutenue par la communauté (ASC) de façon indépendante avant la création du Réseau des fermiers et fermières de famille en 1996. Ces précurseurs expliquent de quelle façon ils ont connu cette forme de mise en marché solidaire avant même qu’elle ne soit popularisée par Équiterre. En plus de leurs sources d’inspiration et de leurs motivations, on y apprend quels furent les impacts de l’arrivée du RFF pour ces fermes qui en constituèrent le noyau dans les premières années.

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Épisode no.5 | “À l’écoute de nos racines”

Épisode no.5 | “À l’écoute de nos racines”

EP5 | La clé des champs : Premier film sur l’ASC et le RFF

Dans ce cinquième épisode, Ghislain « Gigi » Jutras fait une découverte quasi archéologique! Il ramène à vos oreilles et vos yeux les toutes premières entrevues et images tournées au Québec sur le thème de l’Agriculture soutenue par la communauté (ASC). À travers ce court-métrage réalisé en 1996, vous découvrirez l’esprit qui régnait au sein de la collectivité ayant initiée le Réseau des fermiers et fermières de famille. Près de trois décennies plus tard, on peut constater que la formule a su s’adapter aux besoins actuels tout en préservant ses principes d’origine : bio, local et solidaire!


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Épisode no.4 | “À l’écoute de nos racines”

Épisode no.4 | “À l’écoute de nos racines”

EP4 | ASEED : La semence du RFF

Dans ce quatrième épisode, la parole est à Laure Waridel et Elizabeth Hunter, deux des six fondateur·rices d’ASEED (renommé Équiterre en 1998) qui ont participé de près à la réalisation du projet pilote d’ASC* en 1995 avec la Ferme Cadet-Roussel. Leur témoignage nous transporte dans l’ambiance de cette époque et nous rappelle les influences et les motivations à la base du Réseau des fermier·ères de famille. Voilà que tout était dans la semence d’ASEED : Action pour la solidarité, l’équité, l’environnement et le développement!

* ASC : Agriculture soutenue par la communauté

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Épisode no.3 | “À l’écoute de nos racines”

Épisode no.3 | “À l’écoute de nos racines”

EP3 | Cadet-Roussel : La ferme pionnière du RFF

Il est de retour! Le balado qui retrace l’histoire du Réseau des fermiers et fermières de famille (RFF).

Dans ce troisième épisode, vous irez à la rencontre des premier·ères maraîcher·ères du RFF, Jean et Madeleine Roussel de la ferme Cadet-Roussel en Montérégie. Vous y apprendrez par quel chemin ce couple mythique en est arrivé à tester la formule de l’ASC* en 1995 à la demande des jeunes fondateur·rices d’Équiterre (ASEED à ses débuts). En plus de sauver la ferme en difficulté financière, vous découvrirez en quoi ce projet pilote marque le point de départ d’une grande aventure collective!

* ASC : Agriculture soutenue par la communauté

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Épisode no.2 | “À l’écoute de nos racines”

Épisode no.2 | “À l’écoute de nos racines”

EP2 | Les paniers bio avec le visage des fermier·ères de famille

Dans ce deuxième épisode du balado “À l’écoute de nos racines”, on se transporte en Gaspésie pour rendre visite à la ferme La Cigale et la Fourmi!

Les paniers bio, ce n’est pas juste une histoire de légumes; c’est aussi un lien de proximité qui se transmet de génération en génération. Apprenez comment ce lien si particulier rassemble les communautés, au travers des témoignages des fermier·ères de famille, mais aussi de la jeunesse qui façonnera le monde agroalimentaire de demain!

En début d’épisode, découvrez également comment l’ASC, l’agriculture soutenue par la communauté, a fait son apparition au Japon il y a 50 ans. Le mot « Teikei » n’aura plus de secrets pour vous.

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Nouveauté! : La série “À l’écoute de nos racines”

Nouveauté! : La série “À l’écoute de nos racines”

Le balado du RFF est lancé

Le voici, le voilà! Après des mois d’enregistrement aux quatre coins du Québec, le balado qui célèbre et retrace l’histoire du Réseau des fermier·ères de famille (RFF) et de ses paniers bio est maintenant disponible.

Les épisodes de la série “À l’écoute de nos racines” seront publiés d’un mois à l’autre en version animée sur la chaîne YouTube du RFF et en version audio sur la plateforme de votre choix :

Vous pouvez vous y abonner gratuitement.

Voici le premier épisode, tout chaud, tout frais! Merci de partager au plus grand nombre et surtout, bonne écoute 🎧


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Paniers bio préassemblés : le modèle des Jardins Bio Campanipol

Paniers bio préassemblés : le modèle des Jardins Bio Campanipol

À l’heure de la distanciation sociale, certains fermiers et fermières de famille remettent en question leur système de livraison des paniers sous forme libre-service ou mini-marché. La formule préassemblée apparaît alors comme une solution pour réduire les contacts. Elle génère néanmoins autant d’intérêt que de réserve. Entre autres, celle-ci soulève des préoccupations à propos de l’efficacité du travail et de la satisfaction des clients. Pour faire évoluer la réflexion, je vous livre cette entrevue auprès d’une entreprise qui fonctionne de la sorte depuis 28 ans, les Jardins Bio Campanipol.

Un service personnalisé depuis les premiers pas

Lorsque Robert St-Arnaud et Danielle Lefebvre se sont lancés dans l’aventure des paniers en 1992, une douzaine de foyers bénéficiaient des produits de leur grand jardin situé à Ste-Geneviève-de-Batiscan en Mauricie. Les livraisons se faisaient à Montréal puisque Robert y travaillait toujours. Il était aussi plus facile de trouver de nouveaux clients dans la métropole qu’en région à cette époque où personne ou presque n’avait entendu parler de ce mode de commercialisation. Rappelons qu’ils ont débuté trois ans avant l’établissement du Réseau des fermiers de famille (RFF) par Équiterre. L’inspiration de Robert lui était notamment venue des écrits du fermier biodynamique américain d’origine allemande, Trauger Groh (voir le livre « Farms of Tomorrow : Community Supported Farms – Farm Supported Communities » publié en 1990).

La formule adoptée dès le départ fut celle des paniers prémontés. Par souci d’offrir un certain niveau de flexibilité, ils acceptaient de personnaliser les abonnements. De fil en aiguille, la production prit de l’ampleur si bien que 12 ans plus tard la ferme dépassait les 400 abonnés. Aujourd’hui, les Jardins Bio Campanipol en approvisionnent 475 pour une durée de 20 à 22 semaines, ce qui représente environ les 2/3 de leur chiffre d’affaire, la balance des ventes étant faite au kiosque de la ferme.

Ce qui m’a toujours étonné, voire intrigué, c’est qu’ils ont maintenu le mode de fonctionnement initial, à savoir le service de personnalisation. Comment est-ce possible de faire le tout de façon efficace pour des centaines de paniers préassemblés? Pour démystifier la chose, j’ai profité d’un arrêt chez Robert le 15 février dernier afin de réaliser une entrevue dont voici un extrait expliquant le système en place.


Au sujet de l’efficacité

Tel que spécifié par Robert, certains détails pointus lui échappent depuis que la relève est en poste. Sur les trois enfants qui se sont établis avec succès, c’est Florence qui mène les affaires commerciales. Avec un baccalauréat en administration – spécialisation marketing – de l’UQTR et un certificat en communication publique de l’Université Laval, on peut dire qu’elle est à sa place. Au début d’avril, j’ai pu recueillir auprès d’elle quelques propos pour compléter ceux de son père.

Tout d’abord, elle précise que ce sont 65% des abonnés qui se prévalent du service d’ajout-retrait en début de saison, au moment de leur inscription. Pour ce qui est des commandes additionnelles, on peut en compter entre 20 et 45 par semaine selon la période de l’année et les produits disponibles en surplus.

Le suivi des spécifications pour chaque panier se fait à l’aide d’étiquettes imprimées la veille de chaque livraison. Elles « sont générées automatiquement par [leur] système de gestion et indiquent le nom de l’abonné, ses ajouts/retraits, le format de son panier et son point de livraison. »

Quant au travail requis, Florence signale qu’ « au quotidien, le système d’ajouts-retraits impose une charge de gestion considérable. Non seulement ce système à proprement parler, mais aussi l’offre de produits supplémentaires que nous modulons sur une base hebdomadaire en fonction de nos récoltes. Évidemment, c’est un choix que nous avons fait de pouvoir offrir un tel niveau de personnalisation et de suivi de l’adhésion à Campanipol. Nous sommes donc actuellement à travailler sur une plateforme web qui permettra d’alléger notre charge de gestion, de rendre notre fonctionnement plus efficient en offrant à nos abonnés plus d’autonomie (moins de courriels/appels à traiter, plus d’automatisation) et de maximiser l’expérience-client. »

En termes de temps, la gestion des commandes nécessite autour de 3 à 4 heures par semaine. Du côté de la salle de montage, il en prend de 3 à 3,5 heures à deux personnes pour une séance de 140 à 160 paniers comprenant entre 10 et 13 items. S’ajoute un autre employé qui durant 1,5 heure prépare les factures, gère les commandes spéciales et organise le transport. S’en suit la livraison. Les 475 paniers sont destinés à 25 points de chute en Mauricie et à Québec.

Outre le temps à la ferme, il faut prévoir plus d’espace pour l’assemblage des paniers, ce qui peut être un facteur limitant pour la mise en opération de cette façon de faire.


Satisfaction des deux côtés

Est-ce que toute la logistique entourant le système préassemblé-personnalisé en vaut la carotte? Pour l’entreprise qui poursuit dans cette voie depuis près de 30 ans, la réponse va de soi malgré le besoin de faire un nouveau bond d’efficacité dans la gestion des commandes. Autant Robert que Florence voient un avantage majeur dans le fait que cette formule permet de limiter les pertes du producteur puisqu’il y a certitude que tout ce qui sort de la ferme est vendu. Ce qui revient au bâtiment, ce sont des bacs vides, prêts à accueillir de nouveaux fruits et légumes.

Le contentement de la clientèle est-il à l’égal des gestionnaires de la ferme? Il semble bien que oui. Depuis plusieurs années, le taux de rétention tourne autour de 63% à 65%. Par comparaison, on observe le même chiffre à la ferme Aux Petits Oignons à Mont-Tremblant. Celle-ci fonctionne avec un système libre-service semi-dirigé qui dessert plusieurs centaines d’abonnés, plus précisément 700 selon les prévisions de 2020 (François Handfield, 10 avril 2020). Plus globalement, 65% correspond au taux moyen de réabonnement selon une étude réalisée par le ministère de l’agriculture auprès de 77 fermes (MAPAQ, 2013).

Mis à part le service de personnalisation, un autre élément qui contribue à la rétention consiste en de longues plages horaires aux points de chute. La plupart s’étalent de 16h00 à 19h00. En ce qui a trait aux raisons de non-retour, Florence évoque :

  • L’augmentation de l’offre qui permet aux ménages de « magasiner » leur fermier de famille ou d’opter pour des joueurs externes au RFF. Toutefois, « ils font un an ou deux, quittent pour un à trois ans, et reviennent souvent par la suite »;
  • La montée de l’agriculture urbaine, phénomène qui se traduit par l’abandon des paniers au profit du potager familial;
  • Le fait que des gens ne prennent pas toutes les informations avant de s’inscrire et découvrent en cours de route que la formule ne leur convient pas.

À noter que l’enjeu d’être contraint à s’alimenter en produits de saison est beaucoup moins important qu’à leurs débuts.

« La clientèle, dans sa grande majorité, connaît mieux la formule des paniers bio, est conscientisée à la réalité de la saisonnalité de la production québécoise et s’attend à manger local et de saison. »

Florence St-Arnaud, Les Jardins Bio Campanipol

Pour une entreprise maraîchère de cette envergure qui opère en circuit court, entretenir un lien étroit avec la clientèle demeure essentiel. Afin de répondre aux besoins de proximité et de connexion des abonnés avec leurs fermiers de famille, Florence publie à chaque lundi un article sur le web faisant état des dernières nouvelles de la ferme et du contenu approximatif du panier. À cela s’ajoute une page FaceBook, des échanges courriels ainsi que la « fameuse » journée de la fraise en juillet au cours de laquelle les convives peuvent faire de l’autocueillette, visiter la ferme et pique-niquer en bonne compagnie. Au moment du sondage de fin de saison, « les répondants sont unanimes à l’effet que la communication entre la ferme et les abonnés est suffisante, rapide et efficace. »

Je lève mon chapeau aux pionniers que sont Robert et Danielle ainsi qu’à leur relève, Florence, Charles et Félix, pour investir autant d’efforts dans un service de qualité. Cela a sûrement contribué à forger la remarquable réputation du Réseau des fermiers de famille.


Un monde de diversité

Quelle formule choisir pour quels clients? Selon les observations de Jean-Michel Plante, propriétaire de l’entreprise Ô Jardin de M. Plante, qui distribue plus de 800 paniers préassemblés dans 70 emplacements à Québec et Lévis, il y a trois types de clients : « Certains préfèrent les mini-marchés pour la proximité avec l’agriculteur et avoir un peu de choix. D’autres des sacs prémontés avec de longues heures […] et la rapidité pour [les] récupérer. Finalement, il y a aussi le client qui est habitué à la grande variété et disponibilité qu’offre les épiceries ou [d’autres alternatives] et pour qui le choix total est primordial quitte à encourager un modèle qui met beaucoup de pression sur les agriculteurs. » (St-Édouard-de-Lotbinière, 8 avril 2020)

Si les besoins des locavores varient, ceux des maraîchers de proximité aussi. Dans cet univers de pluralité, chaque entreprise tente de trouver un équilibre entre ses préférences et celles de ses abonnés tout en s’inspirant des principes de l’agriculture soutenue par la communauté. Ceci donne lieu à une variété de formes de mise en marché qui permet de rejoindre une variété de consommateurs. En ce sens, mon expérience m’amène à croire qu’entre la formule préassemblée ou libre-service, ce qui importe c’est de trouver celle avec laquelle on se sent le plus à l’aise. Au final, on choisit sa clientèle et les clients, leur fermier de famille. J’ai même connu un couple qui passait en entrevue chacun de leurs abonnés potentiels durant une heure avant de les accepter ou non, mais ça c’est une autre histoire…



Ressources

Entreprises citées

Références bibliographiques

  • Groh, Trauger. 1990. Farms of tomorrow: Community Supported Farms – Farm Supported Communities. Bio-dynamic farming and gardening association inc. San Francisco, Californie.
  • Groh, Trauger et Steven McFadden. 1997. Farms of tomorrow – Revisited. Bio-dynamic farming and gardening association inc., San Francisco, Californie. 169 p.
  • MAPAQ. 2013. Guide technico-économique de démarrage de l’entreprise maraîchère commercialisant selon la formule de l’agriculture soutenue par la communauté. MAPAQ, Québec, Québec. 71 pp. [En ligne]. http://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Publications/Guidetechnico-maraicher.pdf (Consulté le 4 avril 2020)

Crédit photographique: Ghislain Jutras, Les Jardins Bio Campanipol et Terra Sativa

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La crise de coronavirus, nouveau moteur d’innovation au rayon des paniers bio et locaux (3/3)

La crise de coronavirus, nouveau moteur d’innovation au rayon des paniers bio et locaux (3/3)

Le défi de préserver flexibilité et relation directe en période de distanciation physique

Un certain risque se présente à mettre le « visage du fermier » à même les produits. En effet, les mesures d’éloignement social posent un bon défi pour ce système basé sur le lien étroit entre la ferme et ses abonnés. On ne voudrait pas perdre les avancées des dernières années qui ont permis de conjuguer efficacité, flexibilité et satisfaction. Geoffroy Ménard, agroéconomiste au CETAB+, lançait le 18 mars dernier sur la liste de discussion du RJME : « Les mesures de confinement pourraient affecter les points de chute où les gens vont se servir. Je vois donc un intérêt à se tourner vers la livraison à domicile et les petits points de chute préassemblés et déposés. » S’est enchaînée une série d’échanges en ligne et de communications personnelles dont voici quelques extraits :

« Personnellement, la livraison à domicile, c’est le plan Z.  Cependant, on va probablement adopter le service à l’auto au point de chute l’été prochain. On fait des paniers préassemblés, donc ça ne sera pas plus d’ouvrage pour nous de mettre dans des sacs à bretelles en plastique, que dans un bac. […] Ce ne sera pas aussi convivial que lorsqu’on sympathise en personne avec nos abonnés, mais dans les circonstances, je pense que c’est le mieux. […] Je prévois 150 abonnés à mon plus gros point de chute, donc c’est sûr que je vais devoir prévoir de la main-d’oeuvre en conséquence.  Mais je pense que c’est quand même moins d’effort que de livrer à domicile. Mais s’il n’y a pas d’autres options, oui, on va livrer à domicile. »

Étienne Goyer, Le Jardin du Village (Caplan, Gaspésie; 18 mars 2020)

« De mon côté, comme on fait des paniers bio de printemps à la ferme dès le début du mois de mai, on va changer pour une formule « sans contact » où les paniers seront préparés d’avance et déposés directement dans le coffre de l’auto de nos abonnés, au stationnement. […] Je considère cette formule de service à l’auto uniquement pour les paniers bio de printemps, parce que ça commence dans un mois et qu’on va clairement encore être dans le gros de la crise et de la distanciation sociale et qu’on n’a pas encore de lignes directrices claires sur ce qu’on doit faire. Et aussi parce que je veux rassurer les abonnés. […] Pour cet été, je planche sur d’autres solutions parce que ni moi ni mes abonnés n’ont envie du retour aux paniers préassemblés. Du trouble pour nous – ça prend un temps fou à faire – et de l’insatisfaction pour les abonnés – c’est pas tout le monde qui aime le fenouil ou même les betteraves… Alors on est dans l’incertitude, dans l’attente de lignes directrices. Je vais faire ça pour les paniers de printemps (40 abonnés), mais ce n’est pas encore décidé pour la saison principale (presque 400 abonnés). »

Antoine Gendreau-Turmel, ferme de La Coulée douce (Saint-Antoine-de-Tilly, Chaudière-Appalaches; 1er et 2 avril 2020)

« Je préférerais aussi ne pas prémonter les paniers tout comme mes abonnés. Je crois que pour plusieurs clients “convaincus”, ça ne les dérange pas d’avoir un panier prémonté. Par contre, afin de rejoindre une clientèle plus large, d’offrir plus de flexibilité et même de sauver du temps de prémontage, j’adore la formule mini-marché. Cette formule demande un peu de temps et de calcul à mettre en place, mais une fois bien réglée, pas plus difficile à gérer et finalement, la plupart des clients le préfèrent. J’espère donc qu’avec la situation actuelle, nous serons en mesure de garder cette formule, même si nous devrons fort probablement y ajouter des mesures sanitaires. »

Cassandre Veillette, La boîte à légumes (Sherbrooke, Estrie; 2 et 3 avril 2020)

Antoine Gendreau-Turmel et son point de chute à la ferme sous forme de paniers libre-service semi-dirigé (2012 et 2018)

Pour Mylaine Massicote de l’entreprise Des Jardins d’en haut qui vend essentiellement via deux marchés publics à Montréal, un passage aux paniers est difficilement envisageable. « Tant mieux si plusieurs fermes ont de grands entrepôts pour y faire le prémontage d’une centaine de paniers de façon efficace mais ce n’est pas mon cas. » (Havelock, Montérégie Ouest; 18 mars 2020)

Ce à quoi répond Frédéric Verville de la Ferme du Coq à l’Âne de Bury en Estrie: « […] Une façon de faire du prémontage sans vraiment faire de prémontage, c’est de faire le montage des paniers au point de chute à la place des clients. Nous aussi ça nous gosse de prémonter les paniers à la ferme, c’est vraiment long et on n’a pas l’espace, mais il y a des moments où on ne peut pas faire de mini-marché, comme lorsqu’on fait nos livraisons de décembre et qu’il fait -10°C dehors. Ce qu’on fait c’est qu’on prépare les paniers sous forme de mini-marché, mais on place le mini-marché avec les bacs dans le camion, qui est chauffé, et on assemble nous-même directement les paniers dans le camion pour ensuite les donner tout prêt dans un bac aux gens qui sont à l’extérieur. On prépare d’avance plusieurs bacs avec les légumes imposés et on attend que les gens arrivent pour nous dire comment compléter le panier avec les 2-3 choix qu’on propose pis c’est fini. Si jamais les mesures de lutte au virus s’étirent, je me vois bien faire ça à chacun de mes points de chute. De cette façon, on est les seuls à manipuler les légumes que les gens reçoivent et ça revient au même que faire du pré-montage en entrepôt, sauf qu’on le fait à la livraison, où on a le temps de le faire de toute façon. » (18 mars 2020)

De son côté, Léa Charest de la Ferme Hantée de Lotbinière avait déjà pris les devants étant donné qu’il restait deux semaines aux abonnements d’hiver (~100) quand la situation s’est corsée : « Déjà, la livraison des paniers de ce jeudi s’effectuera à même le camion de livraison dans des boîtes pré-montées [au lieu de la formule] mini-marché » (17 mars 2020). Arham Savoie, second propriétaire de l’entreprise, précise quant à lui que les manipulations de légumes au point de chute ont été faites exclusivement par les employés de la ferme.

Incertitude et détermination, attente et proaction sont à la fois perceptibles. C’est en ces temps d’adversité que la solidarité d’une collectivité tissée serrée se fait particulièrement apprécier. Par-delà des problèmes, des propositions de solutions émergent au fil des communications. La bonne information arrive rapidement au sein du réseau. Notamment grâce à Geoffroy Ménard du CETAB+ qui a redoublé d’efforts pour générer avec assiduité et rigueur un document évolutif qui répertorie les mesures d’adaptation à la crise sanitaire pour les entreprises maraîchères du Québec.

En parallèle chez nos voisins du sud, le magazine Growing for Market publiait le 1er avril dans son edition mensuelle le texte « Strategies for staying healthy and in business through the COVID-19 pandemic ».

Ce ne sont donc pas les initiatives d’adaptation qui manquent. Une dernière digne de mention, celle du Capitaine Dandelion (Arham Savoie de la Ferme Hantée) qui profite de la sortie de son tant attendu premier album de RAP légumier « Un vent de changement » pour l’offrir au coût modique de 3$ à quiconque s’abonne à un panier bio. En voici le teaser:

Comme me le mentionnait Antoine Gendreau-Turmel, « c’est le temps où jamais pour coopérer! » Alors malgré la distance, restons unis.

Ça va bien aller!



Ressources

Divers

Entreprises citées

Références bibliographiques

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La crise de coronavirus, nouveau moteur d’innovation au rayon des paniers bio et locaux (2/3)

La crise de coronavirus, nouveau moteur d’innovation au rayon des paniers bio et locaux (2/3)

L’essor des paniers biologiques en temps de crise sanitaire

Pour ce qui est du Québec, l’épisode éprouvant que nous traversons a l’avantage de survenir en pleine période de recrutement pour les paniers bio. Avantage puisqu’il y a encore du temps pour s’organiser à la différence de régions plus au sud où les bouleversements surviennent en cours de saison. De surcroît, la consommation de produits locaux est promptement et fortement encouragée par l’État. On n’a qu’à penser au déploiement de la plateforme Le panier bleu soutenu par les propos du premier ministre Legault : « On achète local! » (Québec.ca, 5 avril 2020).

Voilà qu’on sent déjà la vague locavore prendre de l’ampleur aux quatre coins de la province. Le RFF rapporte une avance sur le recrutement des abonnés par rapport à l’an dernier à la même date (RFF, 2020b). Du côté du Lac St-Jean, la maraîchère et artisane Stéphanie Gagnon des Jardins de la Brunante s’exclame « On a un record de ventes à l’écomarché NordBio […] Et bien sûr les inscriptions vont 3 fois plus vite que d’habitude! On regarde pour offrir la livraison… on discute de la logistique. » Même son de cloche au Centre-du-Québec et en Mauricie selon cet article de Radio-Canada « Regain de popularité des paniers bios directement des producteurs : Les clients veulent créer un lien direct avec les producteurs maraîchers »

Stéphanie Gagnon et son fils Florent en promenade dans les Jardins de la Brunante (02-08-2014)

Ce phénomène n’est pas étranger au fait que la formule des paniers soit toute désignée pour répondre aux besoins des citoyens en ce qui a trait à la saine alimentation. Caroline Poirier de la ferme Croque-Saison et présidente de la CAPÉ rappelait justement à ses abonnés que « malgré les soucis que nous causent la crise, nous croyons tout de même que nos façons de faire nous avantagent. Notamment parce que:

  • « Nous partageons avec vous une relation privilégiée et nous nous soucions personnellement de votre santé, nous ferons donc tout ce qui est en notre pouvoir pour la préserver;
  • Au final, nos légumes qui parviennent jusqu’à vous ont été manipulés par un nombre restreint de personnes et n’ont pas transigé par d’autres endroits, contrairement aux produits vendus dans les grandes chaînes;
  • Le soleil et le vent semblent être des facteurs protecteurs qui réduisent la survie du virus alors vive la distribution à l’extérieur;
  • Bien manger demeure important car cela contribue à la bonne santé et au renforcement de l’immunité. »

D’autres atouts sont le prix fixe et l’assurance d’un approvisionnement stable du début jusqu’à la fin de la saison (Radio-Canada, 2020). Et pour ce qui est de l’hiver, les Bio Locaux sont là!

J’ajouterais ici que la campagne de promotion 2020 de Québec Bio tombe à point. Avec “On a raison d’en parler”, la Filière biologique du Québec frappe un bon coup.

Constatation faite, le contexte de la pandémie stimule le marché des paniers et de l’agriculture biologique en mettant en évidence toute leur valeur auprès des citoyens et citoyennes.


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