Depuis son apparition au Québec à l’aube des années 90, la formule des paniers bio n’a cessé de gagner en flexibilité afin de s’adapter aux besoins des abonnés et d’élargir sa clientèle. Aujourd’hui, se sont près de 60 000 personnes qui ont adopté un fermier ou une fermière de famille. Tout porte à parier que ce nombre bondira en 2020 en raison de la pandémie de covid-19 qui pousse les citoyens de tout acabit à s’approvisionner localement en produits sains. Au moment d’écrire ces lignes, la grande communauté des maraîchers et maraîchères écologiques de proximité s’active déjà à mettre en place des mesures permettant de préserver à la fois la santé des consommateurs et celle de ses travailleurs. Cela implique entre autres de revoir la répartition des ventes projetées par canal de commercialisation et d’ajuster le mode de fonctionnement pour les livraisons. Dans cette série de trois articles, je vous propose un aperçu de l’actualité des dernières semaines dans ce secteur ainsi que des initiatives originales mises de l’avant par des fermes au Québec et aux États-Unis. Le tout est précédé d’un bref portrait historique des formes de distribution des paniers bio.


Évolution vers un mode de fonctionnement de plus en plus flexible

À l’époque de l’implantation de l’Agriculture soutenue par la communauté (ASC) dans la Belle Province, la distribution de paniers préassemblés était la norme pour ne pas dire la seule procédure en vigueur. Dans sa forme la plus simple, cette formule implique pour la ferme de déterminer à chaque semaine le contenu du panier destiné à leurs partenaires. Les boîtes individuelles sont assemblées à la ferme pour ensuite être livrées aux divers points de chute, cet endroit où la clientèle se présente selon un horaire fixe pour récupérer son dû et parfois s’entretenir avec des représentants de la ferme. Chaque foyer reçoit un panier identique en fonction du format choisi et si un item ne leur plaît pas il y a possibilité de le troquer contre un autre dans le panier d’échange.

Assemblage de paniers bio sur la ferme-école du Cégep de Victoriaville (2015)

Si on se reporte en 1996, au moment où le Réseau des fermiers de famille (RFF) fondé par Équiterre comptait sept fermes, le panier d’échange représentait la principale mesure de souplesse. Cela n’a pas pour autant empêché la croissance du phénomène de l’ASC. Dix ans plus tard, le réseau passait le cap des 100 fermes et nourrissait quelques 25 000 personnes (Équiterre, 2005). En 2020, le nombre d’adeptes a plus que doublé tandis que les fermes sont aux environs de 130 (RFF, 2020a). Pour en arriver au niveau actuel, la flexibilisation du concept de base fut un élément clé. Rejoindre un plus grand segment des consommateurs, améliorer le taux de rétention des abonnés et se positionner face à la compétition implique la popularisation de stratégies innovatrices parmi lesquelles on dénombre :

  • La prise en compte des vacances, entre autres par la possibilité de suspendre ou de faire décaler sa livraison pour une durée de deux semaines;
  • L’allocation minimale de 1h30 pour la période de cueillette des paniers;
  • L’offre de produits complémentaires disponibles sous forme de kiosque au point de livraison ou via des commandes individuelles;
  • Le paiement en plusieurs versements;
  • L’abonnement à des livraisons bimensuelles plutôt qu’hebdomadaires;
  • La formule libre-service ou mini-marché permettant un certain degré de choix des items à prendre à l’unité ou au volume;
  • Le système d’ardoise ou cartes prépayées laissant l’entièreté du choix au client parmi ce qui est disponible.

D’ailleurs, le RFF rend maintenant obligatoire l’adoption par ses membres d’au moins deux mesures de flexibilité en plus du panier d’échange (RFF, 2019).

Bar à fines herbes aux Jardins Naturlutte 1.0 (2007)

Au milieu des années 2000, alors que je mettais sur pied ma propre entreprise maraîchère, je me souviens de faire partie d’un petit groupe de fermes qui adoptaient le système libre-service. La source de mon inspiration c’était l’agriculteur Michael Docter de la Food Bank Farm au Massachussetts. Son témoignage rapporté à la dernière page du livre « Je cultive, tu manges, nous partageons » d’Élizabeth Hunter (2000) laissait planer l’idée d’une formule avant-gardiste.

Dès lors, le concept du « flex-CSA » n’a cessé de s’exprimer sous de nouvelles formes. Pour en savoir plus, je recommande la lecture de l’article « Market-based flex CSA : Flexibility and convenience for farmer and customer » paru le 27 mars 2020 dans la très pertinente revue Growing for Market (GFM).

Système de paniers bio libre-service semi-dirigé aux Jardins Naturlutte 1.0 (2006-2008)



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